Le militantisme épandage et islamique salafisme dans la Corne de l’Afrique menace la dignité des femmes: Déclaration publique à la 56e Session Ordinaire de la CADHP

Prises en tenaille entre l’idéologie militante et la terreur: Les femmes de la Corne de l’Afrique font face aux menaces et aux atteintes portées à leur dignité comme conséquence de la fulgurante ascension du militantisme islamique et du salafisme

PRESENTEE PAR : L ’INITIATIVE STRATEGQIUE DES FEMMES DE LA CORNE DE L’AFRIQUE (RESEAU SIHA)
Banjul, avril, 2015
Madame la Présidente,
Mesdames et Messieurs les Commissaires,
Madame la Secrétaire de la Commission africaine des droits de l’homme et des peuples,
Distingués participants

L’Initiative stratégique des femmes de la Corne de l’Afrique(le Reseau SIHA) est extrêmement préoccupée par le militantisme religieux et le Salafisme qui s’étendent rapidement dans la Corne de l’Afrique et particulièrement par la détresse des femmes qui souffrent au quotidien en se heurtant aux flagellations, aux lapidations et aux lois et actions discriminatoires. Le militantisme et l’intégrisme religieux demeurent les plus grands défis auxquels font face les femmes et les hommes de la Corne de l’Afrique. En essayant de mener leur vie et de jouir de leurs droits fondamentaux, ils sont en butte aux menaces persistantes et aux lois qui dictent tous les aspects de leur vie.

Le Réseau SIHA est particulièrement conscient du fait que l’idéologie du militantisme religieux compte parmi ses composantes clé l’asservissement des femmes dont le droit à l’humanité s’avère ébranlé. Les groups salafistes ont la tendance d’exclure les femmes et ils ont fait montre d’une intolérance extrême à l’endroit des croyances et idéologies religieuses d’autrui tout en refusant la coexistence pacifique avec leurs prochains. Ainsi les idéologies militantes répandues dans la Corne de l’Afrique n’ont fait qu’intensifier les guerres et les conflits civils s’y déroulent.

Au moyen de cette déclaration, le Reseau SIHA entend démontrer comment le cadre juridique au Soudan a subi l’influence des idéologies militantes surtout en matière des droits fondamentaux de la femme .Cette influence semble contrecarrer les obligations internationales et régionales souscrites par le pays. Par contre, les idéologies fanatiques ont entrainé de situations où les femmes ont été détenues et fouettées, leur dignité humaine bafouée. Dans ces conditions la capacité qu’a la femme de chercher à prospérer est compromise et son bien-être menacé de façon constante.

De même en Somalie, l’Etat fragile lutte afin de protéger ses citoyens étant donné qu’il fait toujours l’objet d’attentats perpétrés par les militants. Les femmes sont ainsi incapables de bénéficier de la protection de l’Etat et elles connaissent encore les voies de fait dont la violence sexuelle et la persécution atroce comme la mort par lapidation.

Les violences sexuelles, l’impunité et la pénalisation des femmes sont les éléments communs du vécu des femmes au Soudan et en Somalie.

LE SOUDAN
Au Soudan, les femmes accusées du délit d’adultère (Zina),- un délit souvent présenté selon les définition juridiques et selon ce que l’on entend par viol- ces femmes sont arrêtées par la police de l’ordre publique( connue aujourd’hui comme la police de la sécurité communautaire) qui a le droit de perquisitionner les domiciles et faire des arrestation arbitraires des femmes en pleine rue. Ces femmes sont normalement condamnées à cent coups de fouet et si elles sont mariées, elles sont régulièrement condamnées à la lapidation.

La flagellation et la lapidation constituent encore les formes les plus répandues de punition dont le régime se sert afin d’intimider, contrôler et asservir les femmes au Soudan. De milliers des femmes sont fouettées chaque année grâce aux lois qui pénalisent leur comportement personnel et qui plus est, leur mode d’habillement, en raison des lois vagues qui défavorisent les femmes et confient à l’Etat le pouvoir de contrôler leur vie et de réduire leur sentiment de sécurité dans les sphères publiques.

Nous sommes également préoccupées par les mesures de répression visant la liberté religieuse, phénomène évident dans de nombreuses poursuites engagées contre les femmes et les hommes. Les poursuites concernent souvent l’apostasie, conformément aux articles 125 et 126 de la Loi pénale de 1991 (portant sur les croyances reconnues offensantes et sur l’apostasie).Par conséquent, beaucoup d’individus seront condamnés à la peine capitale au cas où ils s’opposeraient aux interprétations intégristes de la religion.

LA SOMALIE
En Somalie, les violences sexuelles et la mort par lapidation ou par peloton d’exécution constituent toujours le supplice du vécu quotidien surtout celui des femmes .Ces dernières sont encore au merci des milices, principalement les Shebaab qui s’exécutent en toute impunité. Les femmes soumises aux violences sexuelles sont stigmatisées, elles souffrent la pénalisation et sont pas à même d’accéder à la justice devant les tribunaux tandis que les auteurs sont souvent libérés. Pire, les victimes sont souvent accusées d’avoir commis l’adultère et par la suite condamnées à la lapidation en l’absence de tout procès équitable. Ces tribunaux sont dirigés par les groupes militants au non de la religion afin d‘imposer leur volonté politique à la population.

Le Gouvernement somalien exerce trop peu de contrôle d’où l’impossibilité de mettre fin à cette impunité, aux violences sexuelles atroces et aux lapidations imposées sur les femmes somaliennes dans les zones contrôlées par les Shebaab.

Toutes les femmes fortes qui contestent le militantisme religieux sont muselées et tel a été le cas de Saado Ali Warsame, députée abattue en juillet 2014. Cette brutalité est la réalité quotidienne vécue par les Somaliens habitants les zones contrôlées par les Shebaab ou les localités sous l’emprise des milices.

En tant que coalition des associations de la société civile luttant pour les droits des femmes, nous sommes, très inquiètes face à l’impact et à l’influence grandissante de cette idéologie militante sur les femmes et les jeunes filles de la région. Nous savons vu l’intégrisme salafiste qui s’abat sur d’autres pays et mis en relief par les cas des lycéennes enlevées par Boko Haram et des étudiants innocents tués à Garissa.

Nous exhortons la Commission africaine à considérer les recommandations suivantes. Elle est priée de :

  • Lancer un appel au Gouvernement soudanais d’abolir le condamnations aux flagellations et aux lapidations incompatibles avec l’Article 5 de la Charte africaine sur les droits de l’homme et des peuples qui interdit la torture et les traitements cruels, inhumains et dégradants.
  • Lancer un appel au Soudan à amender les dispositions de la Loi pénale de 1991 portant sur l’ordre public et de modifier le amendement récemment adopté au sujet des croyances religieuses jugées offensantes et de l’apostasie.
  • Conseiller le Gouvernement soudanais et le Gouvernement somalien afin qu’ils puissent permettre aux associations de la société civile d’exercer leur fonctions et de mettre en œuvre des projets de lutte contre l’idéologie religieuse militante.
  • Lancer un appel au Gouvernements soudanais et somalien pour qu’ils ratifient le Protocole à la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples relatif aux droits de la femme en Afrique
  • Lancer un appel au Gouvernement somalien pour qu’il modifie sa politique nationale régissant le genre afin d’y inclure des dispositions sur la violence sexo-spécifique.
  • Lancer un appel au Gouvernement somalien pour qu’il mette sur pied la Commission des Droits de l’Homme conformément à la Constitution de la Somalie et d’assurer que ladite Commission bénéficie de l’appui parlementaire afin de devenir un organe efficace habilité à mener des enquêtes sur tous les cas de brutalité et des violences et de traduire les auteurs des violations des droits de l’homme devant les organes compétents de la justice.

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